Analyses
La hausse se poursuit, mais pour combien de temps encore ?
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Global Fixed Income Bulletin
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janvier 12, 2024
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janvier 12, 2024
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La hausse se poursuit, mais pour combien de temps encore ? |
Décembre s’est inscrit dans la lignée du mois de novembre : les rendements souverains ont baissé et les spreads se sont généralement contractés dans le monde entier. Au cours du mois, les rendements à 10 ans ont chuté respectivement de 45 points de base (pb) aux États-Unis, de 42 pb en Allemagne, de 64 pb au Canada, de 46 pb en Australie et de 56 pb en Nouvelle-Zélande, l'inflation continuant de refluer tandis que les banques centrales ont révisé leurs politiques monétaires afin d’y intégrer des baisses de taux plus rapides et plus nombreuses que prévu. Les actifs des marchés émergents se sont particulièrement bien comportés sur fond de recul du dollar américain et de perspective accrue de baisses des taux. Les spreads de crédit de la dette d’entreprise investment grade et high yield se sont également resserrés, les États-Unis et la zone euro affichant des performances comparables et le haut rendement surperforme le segment investment grade. Les spreads de crédit titrisé se sont encore resserrés et le segment a poursuivi son redressement après avoir sous-performé la dette d’entreprise en novembre.
Perspectives des marchés obligataires
Les performances époustouflantes des marchés obligataires en décembre ont conclu de façon idéale une année en dents de scie, qui s'est achevée par ce que l'on pourrait appeler une fin de conte de fées : des rendements largement positifs après neuf premiers mois désastreux. Si nous souhaitons tous voir cette tendance positive se poursuivre en 2024, espérons toutefois ne pas connaître le même niveau de volatilité ! Il est probable que les performances des obligations en 2024 ne seront pas à la hauteur de celles de 2023, mais elles ont toutes les chance de dépasser celles des investissements monétaires, car les taux au comptant à travers le monde baisseront probablement à mesure que les banques centrales assoupliront leurs politiques.
Le souci majeur est de savoir dans quelle mesure les performances remarquables de décembre vont amputer celles de 2024. Nous étions déjà un peu inquiets après le revirement de tendance de novembre, mais la barre a été relevée en décembre. Il est vrai qu’une grande partie des performances du quatrième trimestre de l'année dernière étaient dues à la dissipation du pessimisme profond observé au troisième trimestre. Il n’est pas illogique de dresser un bilan combiné de ces deux trimestres. En effet, le basculement a été impressionnant, les vives inquiétudes sur le fait que les taux puissent ne pas baisser du tout en 2024 laissant place à la perspective d'une baisse presque deux fois supérieure à celle prévue par la Fed. Certes, une partie du mérite ou de la responsabilité, selon les points de vue, revient ou incombe à la Fed. Lors de sa réunion de décembre, le Federal Open Market Committee (FOMC) a pratiquement entériné l’optimisme du marché, en retirant la dernière hausse des taux de ses prévisions et en y intégrant une baisse supplémentaire.
C’est là que les choses se compliquent. La trajectoire de la croissance, de l'inflation et les préoccupations liées à la stabilité financière justifieront-t-elles les importantes baisses de taux qu’intègrent déjà une grande partie des marchés internationaux ? Car le marché obligataire américain n’a pas été le seul à briller en fin d’année. Le marché obligataire de la zone euro a également enregistré d'excellentes performances, tandis les marchés émergents et les marchés du crédit à haut rendement ont mené le bal sur fond de compression des spreads des actifs risqués. Si les baisses des taux prévues actuellement ne se concrétisent pas, les marchés obligataires, y compris les marchés des emprunts d'État, du crédit et de la titrisation, risquent de sous-performer.
Fort heureusement, les taux devraient baisser aux États-Unis comme dans les autres régions. Le rythme et l'ampleur de ces baisses restent néanmoins incertains. Les banques centrales ne sont pas encore convaincues que l’optimisme accru du marché soit justifié. Il est donc nécessaire que la croissance reste modeste (voire plus faible), que les marchés du travail ne se tendent pas davantage (ils peuvent se stabiliser) et, surtout, que le recul de l'inflation se poursuive. Il ne fait aucun doute que la prévision de la Fed d’une baisse des taux de 75 points de base est justifiée au vu du déclin rapide de l’inflation au cours de l’année écoulée. Une diminution de plus de 100 points de base serait même fondée, compte tenu de son recul continu. Des baisses de taux empêcheraient les taux réels d’augmenter, ce qui n’est pas justifié. La nécessité ou non de nouvelles baisses de taux dépendra de la situation de l’économie. Le marché fait le pari audacieux que la Fed réduira ses taux au moins six fois en 2024, ce qui est beaucoup mais pas impossible.
Qu'en est-il alors ? Les taux d'intérêt nous paraissent toujours attrayants à moyen terme, mais les obligations semblent être à des niveaux raisonnables à court terme après le rebond de 2023. Il est difficile de savoir si l'économie évoluera conformément aux prévisions du marché. Nous affichons un optimisme teinté de prudence. Les spreads de crédit ont sensiblement diminué en 2024, aussi bien pour le segment investment grade que celui à haut rendement, ce qui amenuise la probabilité d’un nouveau resserrement dans les mois à venir et laisse penser que les valorisations sur les marchés du crédit sont tendues. Les rendements sont encore globalement intéressants, mais les spreads sont proches des plus bas cycliques. Le niveau raisonnable des rendements globaux conforte notre conviction selon laquelle les marchés du crédit devraient surperformer les liquidités en 2024, mais le portage prendra certainement le pas sur les plus-values. Nous chercherons à renforcer notre exposition en cas d'élargissement significatif des spreads, car il est fort probable que le « put » de la Fed en soutien à l'économie fonctionne, même si sa mise en œuvre n’est pas encore d’actualité. Les obligations à haut rendement à échéance courte semblent attrayantes dans cet environnement. Les valeurs financières présentent toujours des valorisations plus intéressantes que les valeurs non financières.
Nous continuons à penser que certains marchés obligataires émergents sont intéressants, même après leur hausse récente, mais nous ne sommes pas encore prêts à accroître notre allocation compte tenu du rebond du quatrième trimestre. S’il est peu probable que les rendements baissent autant qu'ils l’ont fait récemment, de nombreuses banques centrales des marchés émergents ont amorcé le cycle d’abaissement des taux, tandis que les réductions des taux de la Fed restent un vœu pieux. Mais là encore, comme aux États-Unis, il s’agit avant tout de savoir si de nouvelles baisses de taux importantes sont justifiées. Le rebond des bons du Trésor américain et la chute du dollar américain sont bénéfiques aux marchés émergents, créant un environnement plus favorable qui soutient les marchés financiers. Nous avons une préférence pour les marchés obligataires d’Amérique latine, où les banques centrales sont parvenues à baisser leurs taux et devraient poursuivre sur cette voie si la Fed marque véritablement une pause. Les données américaines vont désormais devoir confirmer les perspectives d’assouplissement anticipées par les marchés financiers. L'un des principaux risques à une poursuite des bonnes performances du marché obligataire est une accélération économique ou, dans le cas des États-Unis, l’absence de ralentissement économique significatif. Cela enrayerait la boucle de rétroaction positive induite par la baisse des taux à court terme, laquelle entraîne une baisse des rendements à long terme, et par suite, un resserrement des spreads de crédit. L’avenir nous le dira.
Nous continuons de privilégier le crédit titrisé à échéance courte tels que les titres adossés à des créances hypothécaires résidentielles (RMBS), les titres adossés à des actifs (ABS) et certains titres adossés à des crédits hypothécaires commerciaux (CMBS) qui offrent des rendements plus élevés assortis de garanties solides. Cela dit, les perspectives se sont légèrement dégradées à mesure que la situation financière des ménages se tend et que l’épargne excédentaire s’épuise. Le segment de crédit titrisé que nous privilégions reste celui des prêts hypothécaires résidentiels non garantis par une agence, malgré les difficultés d’accès à la propriété. De manière surprenante, le marché immobilier américain semble avoir atteint un plus bas, avec une légère remontée des prix. Les MBS des agences américaines, malgré leurs excellentes performances au quatrième trimestre, semblent toujours plus attractifs que le crédit investment grade, tout du moins en ce qui concerne les titres assortis de coupons supérieurs.
Les perspectives du dollar américain semblent également être en train d’évoluer. Malgré la vigueur dont il a fait preuve au troisième trimestre, il s’est nettement replié en décembre. Bien que l'économie américaine ralentisse, les conditions économiques aux États-Unis restent meilleures que dans la plupart des autres pays développés et les taux sont plus élevés. Nous ne pensons donc pas qu’il soit judicieux de sous-pondérer le dollar par rapport aux autres devises du G-20. Certaines devises émergentes semblent mieux positionnées, mais après leur récent rebond, nous ne pensons pas qu’il faille « courir après le marché ». Les obligations émergentes en devises locales recèlent un potentiel de valeur qui va au-delà de la simple appréciation des devises des pays concernés.
Taux et devises des marchés développés
Analyse mensuelle :
En décembre, les marchés obligataires des pays développés ont rebondi dans le sillage de chiffres de l'inflation de nouveau plus faibles que prévu. Au Royaume-Uni, l'indice des prix à la consommation (IPC) en glissement annuel de novembre est ressorti inférieur de près d'un demi-point de pourcentage aux prévisions du consensus, tandis que les dépenses de consommation personnelle (PCE) de base aux États-Unis ont elles-aussi nettement décéléré. En conséquence, la Fed a assoupli sa communication et le président Powell n’a émis que peu d’objections face au renforcement des anticipations de baisse des taux en 2024, tandis que les membres du FOMC ont révisé à la baisse leurs prévisions relatives au niveau des taux directeurs et de l'inflation à fin 2024. Alors que les marchés ont commencé à intégrer un assouplissement plus précoce et plus agressif de la politique monétaire, les rendements des bons du Trésor américain à 2 et 10 ans ont chuté respectivement de 43 et 45 points de base, ce dernier franchissant le seuil des 4 %. Les Gilts ont surperformé (les rendements à 10 ans ont baissé de 64 pb) en raison de l'ampleur de la surestimation de l’inflation, tandis que les Bunds à 10 ans (-42 pb) ont légèrement sous-performé les bons du Trésor américain. Les banques centrales d'Australie, du Canada, du Japon et de la Suisse ont opté pour le statu quo, tandis que la Norges Bank a créé la surprise en relevant ses taux d’intérêt.1
Perspectives :
Les banques centrales des pays développés auront fort à faire dans les mois qui viennent pour abaisser leurs taux dans les proportions anticipées par le marché actuellement. À fin décembre, celui-ci escompte désormais plus de six baisses de taux de 25 points de base de la part de la Fed, de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque d'Angleterre (BoE) en 2024. Cependant, l'activité économique continue de bien résister. En outre, malgré les déclarations plus conciliantes de la Fed, la BoE et la BCE n'ont pas changé de ton dans la même mesure, soulignant plutôt que davantage de données sont nécessaires pour confirmer que l'inflation est bien sur la trajectoire descendante souhaitée. Nous identifions des opportunités dans la mise en œuvre de plusieurs positions croisées sur les taux, compte tenu de la dislocation importante qui existe actuellement entre les États-Unis et le Canada par rapport à l’historique et aux fondamentaux. Cette stratégie vient en complément de notre préférence pour les positions pariant sur une pentification de la courbe sur certaines échéances – en particulier 5-30 ans – qui profiteraient d'une augmentation de la prime de terme ou d'un rallye dans le segment intermédiaire de la courbe.
Sur le marché des changes, le dollar américain a continué de fléchir en décembre, la Fed semblant plus conciliante que les autres banques centrales, tandis que la valorisation du billet vert reste élevée sur la base de son taux de change effectif réel. Nous conservons un biais baissier sur le dollar et préférons le dollar australien par rapport au dollar canadien.
Taux et devises des marchés émergents
Analyse mensuelle :
Tous les segments de dette émergente ont poursuivi leur rebond. La Fed a maintenu ses taux inchangés lors de sa réunion de décembre et le marché estime que des baisses de taux sont probables en 2024, potentiellement au premier semestre de l'année. La dépréciation continue du dollar américain a joué en faveur des devises des marchés émergents. Les spreads des obligations souveraines et d’entreprises se sont resserrés et la plupart des devises émergentes se sont appréciées. Le cycle de baisse des taux s’est poursuivi en Amérique latine, notamment en Colombie et au Chili, tandis que le Mexique laisse désormais entrevoir une baisse l'an prochain. Le Suriname a achevé la restructuration de sa dette avec ses créanciers en mettant en place un instrument de recouvrement de valeur (IRV) indexé sur le pétrole. L'Argentine a dévalué sa monnaie de plus de 50 % à titre de mesure d'urgence pour secourir son économie en difficulté. La décollecte s’est poursuivie au niveau de la classe d’actifs (-1,5 milliard de dollars pour les fonds en devises fortes et -1,4 milliard de dollars pour les fonds en devises locales), mais elle continue de ralentir.2
Perspectives :
La Fed se rapproche de la fin de son cycle de resserrement et le marché parie qu’elle pourrait intervenir dès le premier semestre 2024. Les actifs des marchés émergents se sont redressés au cours des derniers mois de l'année à la faveur des discours accommodants tenus dans les marchés développés et de l’effritement du dollar américain. La dette émergente devrait connaître un rebond durable en raison du niveau toujours intéressant des valorisations et de l’imminence des baisses de taux dans les marchés développés. Les taux d’intérêt locaux sont attractifs car l'environnement macroéconomique devient favorable aux actifs libellés en devises locales. Des divergences subsistent dans la classe d’actifs, notamment dans l’univers de la dette souveraine en devises fortes, en raison de la disparité persistante des performances du crédit. L'analyse des pays et des différentes émissions obligataires sera indispensable pour dénicher les bonnes affaires dans cette classe d'actifs en ce début d’année.
Obligations d’entreprises
Analyse mensuelle :
Le mois de décembre a été marqué par le resserrement de 5 pb des spreads des obligations investment grade européennes et américaines, ainsi que par la continuation des thèmes du quatrième trimestre. Les spreads de crédit se sont resserrés et les rendements des actifs sans risque se sont redressés, les marchés interprétant les statistiques sur l'inflation et les commentaires des banquiers centraux comme une confirmation que la préoccupation politique centrale n’était plus l’inflation mais la croissance, que les taux avaient atteint leur point culminant et que les baisses des taux directeurs pourraient conduire à un environnement économique idéal (« Goldilocks ») conjuguant faible croissance et décrue de l'inflation. Plusieurs facteurs ont influé sur le sentiment du marché durant le mois : tout d’abord, l’absence d’une nouvelle escalade sur le plan géopolitique, même si l’activité accrue en Mer Rouge en fin de mois souligne la persistance des tensions dans la région. Deuxièmement, les spéculations de fusions-acquisitions, les procès perdus et les révisions des bénéfices ont engendré de la volatilité affectant les titres de certains émetteurs. Enfin, un facteur technique de soutien lié à l’afflux significatif de capitaux dans le crédit IG et la faible liquidité du marché en raison des fêtes de fin d'année.3
Les marchés américains et mondial du haut rendement ont de nouveau enregistré des performances substantielles en décembre, les investisseurs ayant interprété les décisions de la réunion de décembre de la Fed comme un revirement brutal de la politique monétaire. Les conditions techniques sur le marché du haut rendement sont restées solides en décembre, avec pour caractéristiques clés un tassement du volume des émissions et le sixième mois de collecte nette en 2023. Alors que les rendements des bons du Trésor américain ont considérablement chuté au cours du mois, le rendement moyen sur le marché du haut rendement a baissé d'environ 80 pb, les titres du segment affichant de solides performances à l'approche de la fin de l'année. Dans un contexte d’appétit accru pour le risque, les segments moins bien notés du marché américain des obligations à haut rendement ont surperformé les segments les mieux notés en décembre.4
Les obligations convertibles mondiales ont de nouveau progressé en décembre à l’instar de d'autres actifs risqués, les investisseurs ayant interprété les décisions de la réunion de décembre de la Fed comme un revirement brutal de la politique monétaire. Les obligations convertibles mondiales ont sous-performé les actions mondiales, mais ont surperformé les obligations mondiales sur le mois. Le volume total des émissions d’obligations convertibles sur le marché mondial s’est élevé à seulement 4,4 milliards de dollars en décembre, soit l'un des totaux mensuels les plus bas de 2023. À l’instar de la tendance observée sur l’ensemble de l’année, les nouvelles émissions en décembre ont été fortement concentrées aux États-Unis.5
Perspectives :
Selon notre scénario de référence, l’offre en janvier pourrait permettre d'investir dans le crédit avec une faible décote dans un contexte macroéconomique favorable à cet univers à la suite du changement de cap de la banque centrale, laquelle s’inquiète désormais davantage du risque d’une croissance excessive que de l'inflation. Le portage offre selon nous un bon potentiel de performance, mais le contexte fondamental incertain à moyen terme nous rend moins confiants quant au resserrement attendu des spreads.
Le marché du haut rendement a clôturé l’année 2023 en affichant de façon inédite des rendements encore historiquement attractifs et un spread moyen proche des plus bas cycliques. Nos perspectives demeurent relativement prudentes, compte tenu de la rapidité et de l’ampleur du resserrement des valorisations des titres à haut rendement en fin d’année qui reflètent presque un parfait atterrissage en douceur de l’économie. Point positif, le rendement global est à un niveau historiquement élevé, ce qui devrait permettre aux investisseurs du haut rendement de dégager une performance positive en 2024, même dans notre analyse de scénario baissier.
À l’aube de 2024, nous restons optimistes à l’égard du marché mondial des obligations convertibles. Les conditions techniques du marché mondial des obligations convertibles se sont généralement améliorées en 2023, les prix et les deltas ayant augmenté et les primes de conversion ayant diminué au fil de l'année. Globalement, nous pensons que ces facteurs confèrent aux obligations convertibles mondiales un profil plus équilibré. De plus, nous nous attendons à ce que les émissions continuent d'augmenter en 2024, car les sociétés cherchent à refinancer les obligations convertibles existantes ainsi que la dette traditionnelle sur le marché des obligations convertibles, compte tenu du niveau relativement élevé des taux d’intérêt. Un profil de rendement asymétrique plus traditionnel, conjugué à l’augmentation attendue des nouvelles émissions, nous rend optimistes quant aux perspectives des obligations convertibles mondiales en 2024.
Produits titrisés
Analyse mensuelle :
Les spreads des MBS d’agences se sont resserrés de 18 points de base (pb) en décembre pour atteindre +139 pb au-dessus des bons du Trésor américain de duration comparable, enregistrant au final une contraction de 4 pb après s'être élargis de 50 pb en début d'année. Les avoirs en MBS de la Fed ont été réduits de 16 milliards de dollars en décembre pour atteindre 2 423 milliards de dollars. Au total, ils ont diminué de 209 milliards de dollars en 2023 et sont à présent en baisse de 309 milliards de dollars par rapport à leur pic de 2022. Les avoirs en MBS des banques américaines ont augmenté de 17 millions de dollars à 2 510 milliards de dollars, mais ils étaient encore en baisse de 230 milliards de dollars en 2023 et de près de 500 milliards depuis le début de l’année 2022. Les spreads du crédit titrisé se sont également resserrés en décembre dans un contexte d’offre de nouvelles émissions limitée et de demande toujours soutenue. L’activité sur le marché européen de la titrisation a ralenti en décembre et les volumes globaux d'émissions titrisées en Europe ont été beaucoup plus faibles en 2023.6
Perspectives :
Après avoir connu des fluctuations brutales en 2023, les taux et les spreads des produits titrisés affichent à l’amorce de 2024 des niveaux similaires à ceux qui étaient les leurs au début de 2023. Nos perspectives actuelles sont également semblables à celles que nous avions au début de l’année 2023 – positives sur le crédit hypothécaire résidentiel et les ABS d’entreprises, prudentes sur les ABS liés à l'immobilier commercial et à la consommation, neutres sur les MBS d'agences ainsi que sur le positionnement en matière de duration de manière générale. Selon nous, la baisse prononcée des rendements obligataires observée récemment est quelque peu excessive, les marchés escomptant désormais une réduction de150 pb des taux de la Fed. La baisse des taux devrait favoriser le crédit titrisé, en le rendant plus accessible, en réduisant la couverture du service de la dette et en améliorant les possibilités de refinancement. Nous continuons de penser que les niveaux actuels des taux d'intérêt demeurent éprouvants pour de nombreux emprunteurs et vont continuer de pénaliser les bilans des ménages, ce qui engendrera des tensions sur certains ABS du secteur de la consommation, notamment ceux impliquant des emprunteurs à faible revenu. Les taux de financement actuels sont également problématiques pour l'immobilier commercial et certains secteurs pourraient connaître une baisse de leurs revenus d’exploitation en 2024. Le crédit hypothécaire résidentiel demeure notre secteur de prédilection à l’heure actuelle et c'est le seul secteur où nous n’hésitons pas à investir dans l’ensemble du spectre du crédit, tandis que nous restons plus prudents vis-à-vis des ABS et des CMBS moins bien notés. Nous avons adopté un positionnement neutre à l’égard des MBS d’agences à la suite du resserrement significatif des spreads au cours des derniers mois. Les spreads des MBS d’agences demeurent attrayants par rapport à ceux des obligations d’entreprises de qualité investment grade ainsi que par rapport à leurs niveaux historiques, mais la dynamique de l’offre et de la demande reste défavorable à l’horizon 2024. Selon nous, un nouveau resserrement des spreads est peu probable à court terme.