Analyses
Un début de période tonitruant qui annonce peu de changements ?
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Global Fixed Income Bulletin
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septembre 18, 2024
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septembre 18, 2024
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Un début de période tonitruant qui annonce peu de changements ? |
Une baisse de la masse salariale non agricole a été le catalyseur d’un mouvement de panique en début de mois. Les marchés se sont empressés de pricer un scénario de hard landing et ont même évoqué des baisses de taux de la part de la Fed. Ces baisses ne se sont pas matérialisées mais le ralentissement des données économiques, la progression de l’inflation et les commentaires du président de la Fed, Jerome Powell à Jackson Hole, ont confirmé une baisse des taux en septembre et soulevé la question de savoir si cette baisse s’élèverait à 25 ou 50 points de base (pb). Par ailleurs, face à l’imminence des réductions de taux, le dollar s’est déprécié de 2 % par rapport à un panier d’autres devises au cours du mois. Le yen s’est apprécié en début de mois, la Banque du Japon ayant annoncé une hausse surprise des taux à l’issue de sa réunion de juillet, et les investisseurs ont assisté au dénouement des opérations de portage. Sur les marchés du crédit, les spreads se sont élargis dans le sillage de la correction des actifs risqués en début de mois, avant de se resserrer à nouveau pour clôturer le mois à des niveaux inchangés. Les spreads des obligations Investment grade (IG) américaines ont clôturées le mois à des niveaux inchangés tandis que les spreads du segment IG de la zone euro se sont élargis de 7 pdb. Les spreads des marchés high yield se sont resserrés durant la période, malgré la volatilité de début de mois. Les obligations de la zone euro ont globalement surperformé leurs homologues américaines. Les spreads de crédit titrisé ont également continué de se resserrer au cours du mois.
Perspectives des marchés obligataires
Malgré une volatilité sans précédent au cours des deux premières semaines d’août, les obligations ont de nouveau enregistré d’excellentes performances durant le mois. Les rendements des emprunts d’État se sont globalement inscrits de nouveau en baisse, les bons du Trésor américain en tête. Les statistiques économiques sont restées décevantes, alimentant ainsi le discours accommodant des banques centrales et renforçant la confiance dans le fait que les réductions de taux allaient se poursuivre dans les pays ayant entamé leur cycle de baisse. Surtout, la Fed va elle aussi entamer son cycle d’assouplissement.
La hausse de la volatilité observée au cours de la première quinzaine d’août est le résultat d’un changement de posture radical de la situation économique américaine et mondiale. Une série de données américaines décevantes, se terminant par des chiffres décevants du côté des emplois non agricoles en juillet, ainsi qu’une hausse surprise des taux d’intérêt de la part de la Banque du Japon, ont contribué à faire monter la volatilité en flèche. L’indice VIX, un indicateur de référence de la volatilité et de l’anxiété du marché est passé de 16,36 le 31 juillet à 38,57 le 5 août, avant de redescendre à 15 le 15 août.1 Cette volatilité extrême a contribué à faire baisser fortement les rendements des bons du Trésor américain. Il est intéressant de noter qu’en dépit d’une sous-performance significative au cours des deux premières semaines du mois, les spreads de crédit ont clôturé le mois inchangés ou légèrement en baisse et l’indice S&P en hausse. Mais la montée en flèche de l’indice VIX a reflété un changement radical dans l’attitude à l’égard des risques de récession et de la trajectoire probable de la politique monétaire.
Jusqu’au mois d’août, les marchés ne s’étaient pas inquiétés outre mesure des risques de récession. Certes, la croissance américaine semblait ralentir, tant au niveau de la production que de l’emploi, mais tout semblait indiquer un soft landing, une croissance proche de son niveau tendanciel, une baisse de l’inflation et un chômage stable. Mais des données plus faibles que prévu aux États-Unis, aucun signe de reprise ailleurs dans le monde et des inquiétudes à l’égard d’un essoufflement du rebond des marchés actions induit par l’IA ont conduit les marchés à faire baisser les rendements obligataires et à accroître les attentes de baisses significatives des taux, en particulier en 2024. Et ce, malgré l’absence de signes manifestes de faiblesse significative des statistiques américaines. Nous pensons que la croissance américaine sera plus faible en 2024, mais cela était prévisible compte tenu de sa forte performance en 2023. Toutefois, la hausse du taux de chômage (plus rapide que ce que la Fed ou nous-mêmes avions prévu) a changé la donne. La Fed possède un double mandat : maintenir l’inflation à un niveau bas et l’emploi à un niveau élevé. La Fed et le marché obligataire craignent désormais que l’apparition de signes de faiblesse sur le marché du travail américain évoluent vers une situation plus inquiétante.
L’inflation américaine semblant bien contenue, les perspectives du marché du travail sont désormais le facteur clé pour déterminer la date et l’ampleur des baisses de taux. Compte tenu de la hausse déjà observée du taux de chômage, la Fed réduira ses taux en septembre. Le président de la Fed, Jerome Powell, a pratiquement garanti une baisse des taux lors de la réunion du FOMC de septembre. Cela a suscité un vif débat parmi les acteurs du marché sur l’ampleur et la rapidité de la baisse des taux.
Les pessimistes qui craignent une récession imminente considèrent que la Fed devrait réduire ses taux de manière agressive (de 100 pb cette année), en commençant par une baisse de 50 pb en septembre, qui leur semble appropriée. Bien qu’ils estiment que les taux sont trop élevés compte tenu de l’atténuation de l’inflation et des perspectives de croissance, les investisseurs plus optimistes pensent qu'il est prématuré de procéder à une réduction agressive des taux, étant donné que l’économie résiste bien. À l’heure actuelle, ce sont les pessimistes qui ont la main en matière de valorisation. Le marché a totalement intégré les baisses de taux des réunions du FOMC de septembre, novembre et décembre, et plusieurs baisses supplémentaires en 2025. D'autres banques centrales, dont la Banque Centrale Européenne et la Bank of Canada, devraient également réduire leurs taux de manière significative au cours des 12 prochains mois. En effet, le scénario pessimiste faisant état d’un risque élevé de récession ou de hard landing est pleinement intégré dans les cours du marché. Ce scénario ne doit pas être écarté étant donné que les données récentes vont dans ce sens. Ce cycle d’assouplissement agressif attendu dépend du ralentissement de l’activité à l’avenir. À vrai dire, les réductions de taux n’atteignent généralement jamais l’ampleur prévue par les marchés obligataires qu'en cas de récession importante. Cela dit, les taux directeurs sont trop élevés et des ajustements sont à prévoir. Nous restons préoccupés par le rythme et l’ampleur des baisses de taux prévues, mais il est probablement trop tôt pour lutter contre la hausse du marché. En effet, les rendements à long terme des bons du Trésor américain tiennent déjà compte d’un taux directeur inférieur à 4 %.
En fait, beaucoup d’incertitudes subsistent quant à l’ampleur et au rythme du cycle d’assouplissement au niveau mondial. Les obligations peuvent encore tirer leur épingle du jeu à court terme. Toutefois, pour observer un rebond durable, il faudrait un ralentissement prononcé des données d’activité suscitant des craintes de récession, et des politiques monétaires qui soient plus ambitieuses qu’elles ne l’ont été jusqu’à présent. À plus long terme, le niveau des rendements américains et mondiaux à 10 ans dépendra de l’ampleur du cycle d’assouplissement. Pour l’heure, une position neutre en duration nous parait appropriée, les rendements du Trésor US semblant un peu faibles par rapport à d’autres pays dont les perspectives économiques sont moins bonnes (Royaume-Uni, Canada, Nouvelle-Zélande).
Comme indiqué plus haut, les marchés du crédit ont assez bien performé en août compte tenu de la hausse de la volatilité et des inquiétudes à l’égard des perspectives économiques, d’autant plus que les spreads des obligations d’entreprise Investment grade et high yield sont proches de la borne inférieure de leur fourchette historique. Il est évident que les marchés du crédit ne semblent pas présenter les signes d’anxiété économique que l’on observe sur les marchés de taux, même si, objectivement, cela pourrait être dû au fait que les marchés du crédit anticipent une intervention de la Fed qui permettrait d’éviter de graves répercussions économiques.
Notre point de vue à l’égard du crédit n’a pas changé. Lorsque la croissance économique est honorable (et qu’elle est proche des prévisions), un élargissement marqué des spreads est improbable, alors que les banques centrales s’engagent dans un cycle de réduction modeste des taux d’intérêt. Si les acheteurs en quête de rendement vont empêcher les spreads de s’élargir, nous suivons de près le niveau des rendements globaux et leur impact sur la demande d’obligations d’entreprises. Si les rendements baissent encore, la demande des acheteurs pourrait commencer à se dissiper et les spreads à s’élargir, si la probabilité d’une récession augmente. Ce risque est toutefois compensé par la politique de baisse des taux des banques centrales, qui devrait limiter le risque d’élargissement des spreads. Nous continuons à surpondérer légèrement le crédit dans nos portefeuilles.
Les rendements de dette émergente en devises locales sont restés globalement positifs, plusieurs pays ayant généré d’excellentes performances. Les obligations peuvent être performantes si le pays concerné présente des perspectives économiques solides, une croissance satisfaisante, une inflation en baisse, une banque centrale capable et désireuse de réduire ses taux. Mais comme c’est le cas avec le crédit d’entreprise, les mauvaises nouvelles ou la déception des marchés peuvent affecter durement les obligations et les devises. Les performances ont été variables : positives au niveau de la duration mais plus mitigées au niveau des devises. En Amérique latine, les obligations et les devises mexicaines et brésiliennes restent confrontées à des problématiques domestiques, qui éclipsent l’environnement favorable offert par la Fed.2 Nous continuons à privilégier les opportunités individuelles qui présentent des profils risque/rendement favorables.
Compte tenu de l’incertitude économique et politique à l’échelle mondiale, les meilleures opportunités au sein de l’univers obligataire résident selon nous, dans les titres adossés à des créances hypothécaires (MBS) et autres crédits titrisés. Les ménages américains bénéficiant d’une bonne notation de crédit (« prime ») présentent des situations financières solides, ce qui devrait continuer à soutenir le crédit à la consommation et les autres types de crédit, d’autant plus que les prix de l’immobilier restent bien orientés. Les MBS des agences américaines conservent une bonne valorisation par rapport au crédit Investment grade, du moins ceux offrant des coupons élevés, et devraient surperformer les bons du Trésor américain.
Sur le marché des devises, les perspectives du dollar restent incertaines. Il s'est déprécié compte tenu de la baisse des taux américains par rapport au reste du monde. Le mandat de la Fed en matière d'emploi pourrait poursuivre cette tendance, puisque cette dernière réagit à la hausse du chômage tandis que les autres banques centrales, confrontées à une inflation plus tenace, ne peuvent s'aligner sur ses réductions de taux. Cependant, l’économie américaine, même ralentie, continue de croître plus rapidement que la plupart des autres pays, ce qui implique que les baisses de taux aux États-Unis pourraient finir par soutenir l’économie et le dollar. Il est toutefois difficile de prédire le pays qui sera la prochaine locomotive de la croissance mondiale. L’Europe et la Chine enregistrent des données cycliques médiocres et sont en outre confrontées à des difficultés structurelles. Les marchés émergents ont aussi des défis à relever (mais aussi à des opportunités à exploiter) qui leur sont propres. En milieu de mois, de nombreuses opérations de portage ont commencé à être débouclées pour plusieurs raisons, notamment la volatilité des marchés actions, l’intervention des autorités japonaises sur le yen, le durcissement de la politique de la Bank of Japan et l’incertitude politique aux États-Unis. Nous allons surtout chercher à exploiter les titres présentant des fondamentaux solides et des écarts de valorisation anormaux. Pour l’instant, le dollar devrait rester sous pression.
Taux et devises des marchés développés
Analyse mensuelle
Les taux d’intérêt des marchés développés ont baissé en août et les courbes de rendement se sont pentifiées, les investisseurs anticipant de nouvelles réductions des taux de la part des banques centrales. La tendance haussière a été la plus prononcée aux États-Unis, où la faiblesse des chiffres de l’emploi non agricole a renforcé les craintes d’une récession. Au cours du mois, le segment 2-10 ans de la courbe des taux US s’est pentifié de 21 pb. Bien que les craintes d’un ralentissement brutal se soient rapidement dissipées avec la publication de l’indice ISM des services et des ventes au détail, le marché continue d’anticiper des mesures d’assouplissement agressives en 2024 et 2025. Par conséquent, les rendements des obligations à court terme sont restés à des niveaux bas. Dans la zone euro, les données continuent de mettre en évidence la divergence entre un secteur manufacturier atone et un secteur des services relativement dynamique, bien que l’indice PMI des services pour la France, plus élevé que prévu, semble bénéficier du coup de pouce ponctuel des Jeux olympiques de Paris. Fait rassurant pour la BCE, la croissance des salaires négociés dans la zone euro a ralenti à 3,6 % au deuxième trimestre, ce qui suggère un certain assouplissement des conditions sur le marché du travail.
Sur le marché des changes, le mois d’août a été marqué par une forte réduction des opérations de portage dans un contexte de volatilité élevée et d’inquiétudes quant à la croissance des pays proposant des rendements plus élevés (notamment les États-Unis et le Mexique). Le dollar américain a clôturé le mois en baisse par rapport aux devises du G10, en raison de la diminution des écarts de taux entre les États-Unis et le reste du monde. Après un gain de 7 % en juillet, le yen japonais s’est encore apprécié de 2,5 % par rapport au dollar. Les dollars australien et néo-zélandais ainsi que les devises scandinaves ont également surperformé.3 Depuis peu, notre positionnement est devenu baissier à l’égard de l’euro par rapport au dollar, compte tenu de l’appréciation de la monnaie commune et des perspectives économiques décevantes de la région. Le dollar nous semble attrayant compte tenu du différentiel de taux d’intérêt qui reste favorable, de la bonne tenue des données économiques américaines et de la surperformance probable du dollar dans un contexte d’aversion au risque.
Perspectives :
Les portefeuilles affichent une duration légèrement réduite, principalement par le biais des bons du Trésor américain et des emprunts d’État japonais. Dans le même temps, nous surpondérons la duration en Nouvelle-Zélande et au Canada, où les cycles d’assouplissement ont récemment commencé et où le marché anticipe des réductions de taux plus modestes qu’aux États-Unis. Aux États-Unis, nous considérons que pour que la Fed se montre plus agressive que ce qui est déjà prévu, les statistiques économiques devront se détériorer de manière suffisamment significative pour laisser entrevoir une récession imminente. Bien que le marché du travail américain soit clairement en train de ralentir par rapport aux niveaux extrêmement tendus qu’il avait atteint, l’économie crée encore des emplois à un rythme significatif et les autres données relatives à l’activité restent solides. Au Japon, bien que la banque centrale ait récemment déclaré qu’elle ne relèverait pas les taux d’intérêt en période de volatilité, l’évolution des marchés de l’emploi et des marchandises continue d’indiquer un renforcement de la demande intérieure.
Taux et devises des marchés émergents
Analyse mensuelle
Les principaux segments de la dette émergente ont enregistré des performances positives en août. La posture accommodante de la Fed à la suite de la conférence de Jackson Hole a convaincu le marché d’estimer que la première baisse de taux aura lieu en septembre. Le dollar s’est déprécié pendant la majeure partie de la période, ce qui a contribué à un environnement macroéconomique favorable aux devises émergentes en général. Les deux exceptions sont le peso mexicain, qui s’est déprécié en réponse aux réformes judiciaires controversées que le Mexique est en train de mettre en place, et la lire turque, qui a soudainement chuté en fin de mois. Pour la sixième fois consécutive, la banque centrale tchèque a réduit ses taux (de 25 %). Les spreads se sont resserrés, tant pour les emprunts d’État que pour les obligations d’entreprises. Les fonds libellés en devises fortes et en monnaie locale ont continué de perdre des capitaux malgré les bonnes performances de ces deux segments du marché.
Perspectives :
La dette émergente affiche une performance solide depuis le début de l’année, et ne devrait pas faiblir, selon nous, dans un contexte où l’environnement macroéconomique devient plus favorable. Les devises émergentes se sont globalement appréciées au cours de la période, et nous anticipons de bonnes performances de la part des actifs émergents en particulier à mesure que la posture de la Fed devient plus accommodante et incite la banque centrale américaines à débuter son cycle de réduction des taux. La dette émergente en devise locale devrait également bénéficier de la baisse des taux de la Fed, car les banques centrales des pays émergents sont susceptibles de poursuivre leur cycle de réduction, encouragées en cela par l’attitude accommodante des États-Unis. Les spreads de crédit sont proches de leurs moyennes à long terme, car ils se sont resserrés au cours de la période, mais les spreads restent importants si l’on regarde au-delà de l’indice de référence. Le calendrier électoral se poursuit à travers le monde avec l’élection présidentielle au Sri Lanka et l’équipe de gestion suit de près l’évolution de la situation.
Obligations d’entreprises
Analyse mensuelle :
Contrairement aux années précédentes, le mois d’août a été exceptionnellement volatil, alors que les données macroéconomiques moins bien orientées que prévu en début de mois remettaient en question le scénario de « soft landing ». Les spreads des émissions IG américaines se sont resserrés, surperformant ainsi les spreads des titres IG européens qui se sont légèrement élargis, et les emprunts d’État ont rebondi.4 Plusieurs facteurs ont influencé le sentiment des intervenants : Premièrement, les chiffres de l’emploi non agricole ont surpris les marchés au début du mois, la hausse de 0,2 % du taux de chômage s’avérant supérieure au consensus. Les marchés ont commencé à intégrer la probabilité d’un « landing » plus difficile pour l’économie et à considérer que le FOMC pourrait tarder à entamer son cycle d’abaissement des taux. La volatilité a augmenté, l’indice VIX atteignant 60 dans un contexte de dénouement des opérations de portage. Les données publiées par la suite ont toutefois remis en cause la thèse de la récession. Deuxièmement, les derniers chiffres de l’IPC américain sont ressortis conformes aux attentes, tandis que dans la zone euro, les données de l’IPCH du mois d’août se sont avérées dans l’ensemble moins bonnes que prévu. Par conséquent, les données continuent de plaider en faveur d’une baisse des taux en septembre, à la fois de la part de la Fed et de la BCE. Troisièmement, les résultats des entreprises sont restés un peu plus mitigés, notamment en raison de certains signes d’atténuation du pouvoir de fixation des prix et de la volonté des consommateurs de descendre en gamme peu importe leurs revenus. Les fondamentaux des entreprises restent solides et les bilans sains. Les banques ne subissent que des tensions limitées puisque les PNP (Prêts Non Productifs) n’augmentent pas et que les réserves de fonds propres restent élevées. Enfin, en août, les émissions sur le marché primaire ont été supérieures aux anticipations, avec 45 milliards d’euros contre 27 milliards attendus. Malgré l’offre plus élevée que prévu, on a assisté à un regain d’appétit pour le risque de la part des investisseurs, comme en témoignent les carnets d’ordres sursouscrits et de nouvelles émissions limitées.
Le début du mois d’août a été brutal pour le marché high yield, le spread moyen s’étant fortement élargi dans les premiers jours du moisen raison d’une forte correction des actifs risqués au niveau mondial. Le marché mondial du high yield est resté structuré pendant ce bref repli, le choc de début août ayant été rapidement effacé et le spread moyen ayant terminé en dessous de ses niveaux de départ. Les conditions techniques du high yield ont été moins bonnes en août en raison d’une demande plus faible. Les flux de capitaux sortants des investisseurs particuliers ont augmenté au début du mois avant d’être compensés par des flux entrants pendant le reste du mois, tandis que les émissions nettes sont restées faibles. Enfin, le mois d’août a de nouveau été calme en termes de défaut et d’opérations d’échange de titres en difficulté parmi les émetteurs obligataires high yield, et les défauts pondérés ont atteint leur niveau le plus bas depuis 20 mois.
À l’instar d’autres actifs risqués, le mois d’août a été volatil pour les obligations convertibles mondiales. La classe d’actifs a corrigé en début de mois, les mauvaises données sur l’emploi et le secteur manufacturier ayant renforcé les craintes d’un possible hard landing. Toutefois, les obligations convertibles mondiales ont rapidement rebondi à mesure que les craintes s’apaisaient et qu’une baisse des taux d’intérêt de la FED en septembre devenait plus probable. En fin de compte, les obligations convertibles mondiales ont généré des performances totales positives durant le mois, mais ont sous-performé à la fois les obligations et les actions mondiales.5 Août a été typiquement calme du point de vue des nouvelles émissions, puisque seulement 3,6 milliards de dollars ont été émis au cours du mois, en grande majorité aux États-Unis. Cependant, le total des émissions depuis le début de l’année a atteint 72,8 milliards de dollars, soit 40 % de plus que l’année dernière à la même période.6
Perspectives :
Notre scénario central reste optimiste vis-à-vis du crédit et repose sur l’anticipation d’un « soft landing », des politiques budgétaires au service de la croissance, de l’emploi et de la consommation, et des fondamentaux d’entreprise solides. La diminution probable des émissions brutes au deuxième semestre 2024 et la quête de « rendement global » sur le segment du crédit IG devraient imprimer une dynamique technique positive. S’agissant des spreads de crédit, nous estimons que le marché recèle des opportunités mais considérons que le portage est le principal moteur de performance. Toutefois, compte tenu de l’incertitude du contexte à moyen terme, nous ne tablons pas sur un resserrement marqué des spreads.
Nous restons relativement prudents à l’égard du marché high yield pour le troisième trimestre. Il est confronté à des incertitudes croissantes et à plusieurs sources probables de volatilité à moyen terme, l’enjeu ultime étant l’ampleur de la volatilité anticipée. Les principaux facteurs sont l’évolution des politiques monétaires, des conditions économiques, du marché du travail, de la situation financière des ménages et, enfin, l’état des fondamentaux des entreprises émettrices de titres high yield. Le segment du high yield n’en affiche pas moins des rendements globaux historiquement attractifs et un spread moyen qui, si l’on exclut les titres de dette en difficulté, reste proche de ses plus bas niveaux historiques. Une analyse plus minutieuse des valorisations témoigne d’un marché particulièrement scindé tant sur le plan sectoriel qu’en termes de qualité de crédit.
Pour le troisième trimestre 2024, nous restons optimistes à l’égard du marché mondial des obligations convertibles. Les obligations convertibles mondiales présentent un profil équilibré traditionnel, caractérisé par un fort potentiel de participation à la hausse des actions et un risque baissier limité. Les nouvelles émissions ont été dynamiques au premier semestre et nous pensons qu’elles vont encore augmenter au deuxième semestre 2024. Les entreprises vont en effet chercher à refinancer les titres convertibles existants et la dette traditionnelle sur le marché des convertibles, en raison du niveau relativement élevé des taux d’intérêt. Un profil de performance asymétrique plus traditionnel conjugué à l’augmentation attendue des nouvelles émissions nous rendent optimistes quant aux perspectives des obligations convertibles mondiales d’ici la fin de l’année.
Produits titrisés
Analyse mensuelle :
Les spreads des MBS émis par les agences américaines se sont resserrés de 5 pb en août pour atteindre 137 pb au-dessus des bons du Trésor américain de duration comparable. Les spreads des MBS d’agences sont désormais à peu près stables depuis le début de l’année, alors que presque tous les spreads de crédit se sont nettement resserrés. Les MBS d’agences offrant de faibles coupons ont surperformé ceux à coupon élevé en août sur fond de baisse des taux. Ils présentent par ailleurs des durations de taux et de spread plus longues. Les avoirs en MBS de la Fed ont diminué de 32 milliards de dollars en août, à 2 292 milliards de dollars. Ils ont diminué de 437 milliards de dollars par rapport à leur pic de 2022. Les avoirs des banques américaines en MBS ont augmenté de 24 milliards de dollars pour atteindre 2 610 milliards de dollars en août, relançant ainsi la tendance haussière après une légère baisse en mars. Cependant, les avoirs des banques en MBS sont toujours en baisse d’environ 420 milliards de dollars depuis le début de l’année 2022.7 Les spreads de crédit titrisé ont peu évolué en août, malgré leur élargissement en milieu de mois qui s’est produit dans la plupart des secteurs. Les nouvelles émissions titrisées ont ralenti durant le mois après une forte émission au cours des derniers mois ; cependant, l’offre reste bien absorbée et répond à une forte demande. Par rapport au reste de l’univers obligataire, les secteurs du crédit titrisé ont réussi à se comporter conformément aux secteurs de duration plus élevée, étant donné que la nature à faible duration du crédit titrisé a été compensée par le portage plus élevé des flux de trésorerie.
Perspectives :
Malgré une certaine volatilité des spreads en milieu de mois, nous pensons qu’ils se sont quelque peu stabilisés à leurs niveaux actuels, car ils sont proches des niveaux des spreads des titres adossés à des créances hypothécaires d’agences, compte tenu des performances différenciées au cours des derniers mois. La demande reste globalement forte, mais nous pensons qu’un nouveau resserrement des spreads est désormais peu probable. Les segments du crédit titrisé ont été parmi les plus performants en 2024 et la normalisation récente de leurs performances devrait selon nous se poursuivre dans les mois à venir. Nous pensons également que les taux resteront probablement dans la fourchette cible pendant une bonne partie de l’année 2024 et que les performances résulteront principalement du portage des flux de trésorerie au cours des prochains mois. Nous continuons de penser que les niveaux actuels des taux d’intérêt demeurent éprouvants pour de nombreux emprunteurs et vont continuer de pénaliser les bilans des ménages, ce qui engendrera des tensions sur certains ABS du secteur de la consommation, notamment ceux impliquant des emprunteurs à faibles revenus. Les taux de financement actuels sont également problématiques pour l’immobilier commercial et certains secteurs pourraient connaître une baisse de leurs revenus d’exploitation en 2024. Le crédit hypothécaire résidentiel demeure notre secteur de prédilection à l’heure actuelle et c’est le seul secteur où nous n’hésitons pas à investir dans l’ensemble du spectre du crédit, tandis que nous restons plus prudents vis-à-vis des ABS et des CMBS moins bien notés. Après avoir être neutres, nous sommes désormais positifs à l’égard des valorisations des MBS d’agences, qui est l’un des rares segments à avoir vu sa valeur baisser depuis le début de l’année. Les spreads des MBS d’agences restent intéressants par rapport à ceux des obligations d’entreprises investment grade et à leurs propres niveaux historiques, mais ils sont entrés récemment dans une phase de stabilisation.